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Lorsque Kassy était petite, sa mère, Nicole Cummins, a remarqué quelque chose de différent.
« Elle avait toujours faim, se souvient Mme Cummins. La nourriture était la seule chose qui l’apaisait. Je croyais que c’était ma faute. »
Pendant des années, les médecins ont dit à Mme Cummins que sa fille finirait par atteindre une taille normale. Toutefois, la prise de poids s’est poursuivie, tout comme la douleur chronique, les difficultés d’apprentissage et un sentiment croissant d’isolement.
Ce n’est qu’à l’âge de 13 ans que Kassy a été aiguillée vers le Centre des saines habitudes de vie du CHEO, une clinique qui aborde différemment l’obésité pédiatrique. Kassy y a rencontré une équipe de spécialistes qui ont su voir la personne qu’elle est réellement, au-delà de son poids.
« Nous ne sommes pas ici pour soumettre les enfants à un régime, a déclaré la Dre Laurie Clark, psychologue du CHEO au Centre des saines habitudes de vie.
Nous sommes là pour les aider à mener une vie plus saine et plus épanouie. Il faut aborder la santé mentale, la dynamique familiale et d’autres problèmes de santé physique, notamment les maladies génétiques. »
Mme Clark a expliqué que l’équipe de la clinique aide aussi les médecins de première ligne à comprendre la meilleure façon de parler des jeunes patientes et patients obèses et de les traiter.
Dans le cas de Kassy, la génétique a joué un rôle important. Après des années à subir des tests, elle a reçu un diagnostic de maladie génétique rare qui affecte les signaux de la faim et le métabolisme.
« Son corps pense qu’il meurt de faim, a expliqué sa mère. Kassy ne sait pas quand elle est rassasiée. »
Grâce à l’aide de la Dre Stasia Hadjiyannakis, le diagnostic de Kassy a marqué un moment décisif. Kassy et sa mère ont réalisé, pour la première fois, que l’obésité de Kassy n’était pas leur faute.
Le parcours ne s’est pas limité aux réponses médicales. Au Centre des saines habitudes de vie, Kassy a trouvé quelque chose d’encore plus puissant : la compréhension.
« L’équipe de médecins du CHEO m’a aidée à grandir et à devenir une personne à part entière, en plus de m’aider à être heureuse », a dit Kassy.
Les médecins l’ont écoutée et elle a ressenti un sentiment d’appartenance. Elle se sentait autonome.
L’équipe du Centre des saines habitudes de vie a travaillé avec Kassy et sa famille pour élaborer un plan axé sur ce qu’elle pouvait accomplir, et non sur ce qu’elle ne pouvait pas faire. Kassy a rencontré une diététiste qui a su rendre l’alimentation agréable à nouveau. Avec l’aide d’une experte en conditionnement physique, elle a découvert la joie de bouger, que ce soit par le yoga ou par d’autres activités qu’elle aimait.
« L’équipe m’a donné un peu de tout pour m’aider à devenir la meilleure version de moi-même », a déclaré Kassy.
Cette approche est fondée sur la reconnaissance croissante que l’obésité n’est pas une simple question de calcul de calories, ou de volonté. Mme Clark a ajouté que la lutte contre les préjugés liés au poids doit continuer dans les soins de santé.
« Les gens supposent que si une personne a un corps plus volumineux, elle doit être paresseuse ou ne pas faire assez d’efforts. C’est tout simplement faux », a-t-elle expliqué. Sa clinique du CHEO travaille d’arrache-pied pour briser les mythes entourant l’obésité.
La recherche montre que les enfants ayant un poids corporel plus élevé reçoivent souvent moins de temps et d’attention de la part des prestataires de soins de santé. « Ces enfants sont plus susceptibles d’être mal diagnostiqués et leurs symptômes sont ignorés », a déclaré Mme Clark.
La stigmatisation va au-delà des soins de santé, car certaines personnes pensent savoir ce qui est le mieux pour un enfant, même lorsqu’elles ne connaissent pas toute l’histoire.
Le Centre des saines habitudes de vie regarde au-delà de l’indice de masse corporelle (IMC) pour évaluer la personne dans son ensemble. La clinique utilise l’Edmonton ObesityStaging System for Pediatrics, qui s’intéresse à la santé physique, mentale et sociale, pas seulement aux chiffres sur une échelle, pour veiller à ce que les soins continus aident les enfants à mener une vie saine.
Mme Hadjiyannakis est l’auteure d’un article qui remet en question le recours exclusif à l’IMC pour évaluer la gravité de l’obésité chez les enfants. Elle a également aidé à rédiger de nouvelles lignes directrices nationales, publiées au printemps 2025, pour aider à traiter et à prendre soin des enfants et des jeunes qui vivent avec l’obésité afin d’améliorer leur qualité de vie.
Nous espérons que ces nouvelles lignes directrices créeront une approche plus uniforme au Canada pour traiter l’obésité juvénile.
Pendant ce temps, Kassy s’épanouit. Elle commence sa deuxième année d’université, où elle étudie le travail social et a trouvé une communauté d’amis qui l’acceptent pour qui elle est.
« Elle a vécu tellement de choses, a dit sa mère. Mais elle est forte. Elle est belle. Et elle commence enfin à le croire aussi. »
Kassy a également commencé un travail visant à accroître la sensibilisation en faisant part de son histoire par divers moyens, comme Obésité Canada, pour aider les autres à comprendre que l’obésité est complexe et que la compassion est importante.
« Honnêtement, faire ce travail me donne de l’assurance », a-t-elle dit.
Changer sa façon de se percevoir, un cheminement qui a commencé au CHEO, fait partie de son parcours, alors qu’elle poursuit ce qu’elle appelle « son objectif du bonheur global ».